Emmanuel Bove - Arrestations célèbres
Éditions cent pages
2013
Emmanuel Bove (1898-1945)
Arrestations célèbres (1924-1936)
Un livre dessiné par SP Millot
Cosaques Grand
48 pages
26 euros
22 x 34 cm
ISBN : 978-2-9163-9031-4
Description
Arrestations célèbres réunit l'ensemble des articles publiés par l'écrivain entre 1924 et 1936 dans Le Quotidien, Le Journal, Regards et surtout Détective, hebdomadaire à sensation créé par Gaston Gallimard en 1928. Détective offre à ses lecteurs des plumes littéraires célèbres : Francis Carco, Joseph Kessel, Pierre Mac-Orlan, Georges Simenon, entre autres, le tout mis en scène et illustré par les superbes prises de vue expressionnistes de la photographe Germaine Krül. Emmanuel Bove publie un premier article dans Détective, Spiritisme, le 2 avril 1936, puis à l'automne de la même année uns série de quatre reportages consacrés à des arrestations célèbres. Ce recueil de vingt articles est présenté par Jean-Luc Bitton, biographe d'Emmanuel Bove, et fait suite à notre édition de Bécon-les-Bruyères. De grand format, l'ouvrage reproduit en fac-similé les articles et les unes de Détective.
EXTRAIT
Une seule ligne parfois dans un petit journal de quartier ou de province contient toute la misère, la folie, l’amour du monde. Après Louis Roubaud, l’un des maîtres du reportage, c’est Emmanuel Bove, l’un des jeunes maîtres du roman contemporain, qui se penche, cette semaine, sur ces «faits-divers inconnus».
Mme Vignon, 22, rue de Clamart, à Compiègne, a étranglé avec un fil électrique son mari qui, rentré en état d’ivresse, l’avait brutalisée.
Voilà une nouvelle en trois lignes qu’on pouvait lire le 17 juin dans Le Journal. Je ne crois pas qu’un lecteur de France ait eu son attention retenue par cette information. Il ne semble pas qu’un fait divers puisse être banal. Pourtant... Je dois dire que moi-même je n’aurais attaché aucune importance à ces trois lignes si le hasard n’avait fait que je connusse et la victime et la meurtrière et s’il ne m’avait permis ainsi de vérifier — ce que je n’ignorais pas d’ailleurs — combien sont parfois plus dramatiques que les grandes affaires les simples faits divers dont personne ne parle.
Au voyageur qui, il y a quelques jours encore, venait passer le dimanche à Compiègne et qui s’enquérait de l’endroit où il pourrait faire un bon déjeuner à un prix raisonnable, il était invariablement répondu qu’il n’avait qu’à aller rue de Clamart, tout près des haras, chez Vignon. C’est, en effet, au coin de cette rue déserte et de la rue Carnot que se trouve le restaurant. Des aérostiers, des travailleurs, des soldats se retrouvaient dans la longue salle basse et ensoleillée. Il m’arrivait de prendre place dans cette salle, mais le plus souvent M. Vignon me conduisait dans une petite pièce à l’écart, voulant me montrer ainsi qu’il me classait dans la catégorie la plus relevée de sa clientèle. Parfois même, il insistait pour que j’allasse m’asseoir dans le jardin ou dans la salle à manger d’un pavillon voisin qu’il avait acheté. Quoique je ne sois pas amateur de solitude à ce point, il mettait tant d’ardeur à me persuader que j’allais être bien plus tranquille que je finissais par céder.
Je revois le malheureux s’inclinant devant moi, feignant de choisir la meilleure chaise, mettant en mouvement tout son personnel, m’obligeant à accepter une nappe, cela d’une manière toute désintéressée, car il ne profitait pas de cette sollicitude pour saler l’addition, s’excusant de ne pas avoir le temps de me servir comme il s’imaginait que je le méritais.
Monsieur, pourquoi venez-vous toujours à la plus mauvaise heure?
Détective n° 401, 2 juillet 1936
MARQUE DE FABRIQUE
Couverture Keaykolour schiste, carte de visite Emmanuel Bove, jaquette à rabats agrafée. Intérieur cinq dépliants triple et un dépliant quadruple pour les reproductions en fac-similé des pages du magazine Détective.
Détails du produit
Fiche technique
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