Entre le traité savant, informatif, engagé, et le récit intime d’une vie, la révélation de l’âme du jardinier, le Manifeste du jardin emotionnel s’adresse autant à des spécialistes, fondus de jardins, qu’à des néophytes.
Quand la nature sauvage disparaît, quand l’eau devient rare, quand le climat change, pourquoi et comment concevoir un jardin aujourd’hui ? La nature est dans le jardin et nous apprend le vivant. Ce même jardin est aussi un lieu de vie sociale, indissociable de l’architecture. Harmoniser les contraintes naturelles et la volonté créatrice du jardinier ou de l’architecte est un échange perpétuel qui évolue en fonction des émotions, celles du créateur comme celles du visiteur. Au plus près des préoccupations actuelles, ce manifeste, écrit par des jardiniers d’expérience, est un guide iconoclaste et sans frontières pour tous ceux qui s’interrogent sur leur espace de vie et souhaitent créer un jardin pour eux-mêmes ou pour les autres.
Un format de poche dessiné par Ich&Kar
Il ne m'a jamais été donné de lire un texte sur les jardins auquel j'adhère avec tant d'évidence et de bonheur. Il donne de l'espoir. Le lire suffit, tout est dit. Gilles Clément.
LES AUTEURS
Arnaud Maurières et Eric Ossart sont paysagistes et jardiniers. Depuis plus de trente ans, ils créent des jardins publics et privés à travers le monde et construisent parfois les maisons de leurs jardins. Ils ont publié de nombreux ouvrages qui témoignent de leur volonté de respecter l’environnement naturel et humain tout en offrant le plaisir de vivre en harmonie entre l’architecture et le végétal. Leur implication dans l’enseignement du paysage et leur participation à de nombreuses manifestations culturelles attestent une démarche pédagogique à tout niveau.
A partir de 1989, ils sont conseillers de Jack Lang, ministre de la Culture et maire de Blois. De 1993 à 1997, Eric est le paysagiste responsable du Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire tandis qu’Arnaud crée et dirige l’Ecole méditerranéenne des jardins et du paysage à Grasse. A la fin des années 1990, ils se consacrent exclusivement à la création de jardins en France, au Maroc ou au Mexique. De nombreuses publications et documentaires témoignent de leur passion.
Le manifeste du jardin émotionnel est l’aboutissement d’une réflexion basée sur l’expérience de leurs propres créations et l’influence d’architectes et jardiniers remarquables de notre époque.
QU’EST-CE QU'UN JARDIN ÉMOTIONNEL
Ce livre y répond en 15 phrases qui constituent le manifeste.Mais si on devait rédiger une définition pour un dictionnaire ?
Le jardin émotionnel accepte le temps comme élément essentiel du concept.
Le temps de créer. Un jardin n’est jamais terminé, la création d’un jardin est permanente. Le plan initial est un guide et seulement un guide. Il faut prendre le temps de le modifier en fonction de la réalité du site, des lumières, de la croissance des plantes et de leurs qualités qui inspirent d’autres idées, des perspectives qui se découvrent et des intimités qui se créent, des rencontres, des rêves inattendus et de l’usage des lieux.
Le temps du vivant. Un jardin est essentiellement composé de végétaux. Ils naissent, se développent et meurent. Chaque moment est important, de la germination d’une graine à la mort d’un arbre. Le jardin se renouvelle et n’est jamais le même. Le jardin n’est pas figé par la taille ou les désherbants. Un jardin révèle le temps : il se transforme au fil des saisons et à celui des années.
Le temps du jardinier. Le jardin s’apprend avec le temps et l’apprentissage dure une éternité. Le jardinier n’est pas éternel et l’incertitude est la compagne de sa vie. Un jardin n’existe que par son jardinier. Le jardin disparaît avec son jardinier et le nouveau jardinier invente un nouveau jardin.
Découvrir la nature est une surprise permanente. Comprendre et accepter là où nous sommes, ce qui peut pousser, ce qui veut pousser.
Le jardin apprend le vivant et l’émotion du vivant donne un sens au moindre regard, au moindre geste.
Le geste du jardinier s’approche d’une vérité indicible et intuitive qui nous émerveille, nous rend curieux, entreprenant et humble à la fois.
LE MANIFESTE EN 15 POINTS
La fonction naturelle du jardin est l’émotion
Le jardin n’est pas la nature mais la nature est dans le jardin
L’architecture est émotionnelle par culture, le jardin par nature
Le jardin est une nature à l’échelle de l’homme, le paradis est un jardin
Architecture et jardin sont indissociables. Le rapport entre les deux détermine un choix de vie individuel et social
Une révolution moderniste, ce n’est plus le jardin qui procède de l’architecture mais l’architecture qui procède du jardin
La terre est la matière essentielle du jardin, c’est aussi celle de l’architecture. S’éloigner de la terre, c’est se perdre
L’eau est la matière la plus précieuse du jardin. La respecter, la chérir, la sublimer est le devoir de tout jardinier
Le végétal est primordial. Le végétal est l’essence même du jardin, il est son âme, sa part vivante et émotionnelle
Les artistes peuvent devenir paysagistes ou leurs œuvres enrichir le jardin mais l’art n’est pas le propos du jardinier
Le dessein du jardin est une trame dont la végétation va s’affranchir pour constituer un paysage qui échappe au dessein initial
Le dessin d’un jardin : des murs pour limiter, un seuil pour entrer, des allées pour s’approprier le sauvage
Le talent d’un jardinier : apprivoiser la nature qui lui est donnée pour découvrir sa propre nature
On ne peut être paysagiste sans être jardinier, on ne peut être jardinier sans planter son propre jardin
Le geste du jardinier est perpétuel. Le jardin apprend la pluie, le vent, le soleil et les orages, les saisons, le temps ; il apprend les défaites et les conquêtes ; il apprend la vie et donne à la mort un goût d’éternité
PHOTOGRAPHES DU LIVRE
Ana Bloom, Nadim Asfar, Joëlle-Caroline Mayer et Gilles Le Scanff, Yann Monel, Nicolas Schimp, Marie Taillefer, Bruno Suet, Heritance Kandalama, Geoffrey Bawa Trust, Éric Ossart, Laurent Beaudoin, Ursula Bernath.