Dans l’immense production littéraire de Ramón Gómez de la Serna, la greguería est un genre qu’il n’a cessé de cultiver. De 1910 à 1962, les greguerías seront publiées dans la presse, incrustées dans d’autres livres, maintes fois réunies, inédites pour certaines ; elles sont de véritables petits chefs-d’œuvre, des notations délicates, de purs joyaux ciselés dans le laboratoire génial de l’auteur. La greguería est née vers 1910, expliqua-t-il, un jour de fatigue et de scepticisme où je pris tous les ingrédients qui se trouvaient dans mon laboratoire, flacon après flacon, et les mélangeai. De leur précipité, de leur dissolution radicale, surgit la «greguería», qui est «humour + métaphore» ou encore «l’urne de mes cendres quotidiennes», un «œillet sur le mur»…
EXTRAIT
Quelle tragédie! Ses mains vieillissaient mais pas ses bagues.
Les singes ont l'air sur le qui-vive, comme s'ils craignaient que le chef de bureau ne vienne les mettre au travail.