Rédigés sous forme de poèmes satiriques, ces billets quotidiens se situent au point d’intersection des deux activités de Dagerman : la littérature et le journalisme. Il y traite en effet de l’actualité en poète et en anarchiste convaincu. Le journaliste a d’ailleurs survécu en lui à l’écrivain. Ces billets ont paru entre 1944 et 1954 dans Arberaten, le journal anarcho-syndicaliste suédois dans lequel il avait fait ses débuts et auquel il est reste fidèle toute sa vie. Le dernier billet (Attention au chien) est paru le lendemain de sa mort. Jusques après son dernier souffle, Dagerman aura ainsi poussé ses coups de gueule et tapé sur toutes les formes de la bêtise humaine. Cela devrait suffire à faire de lui un perpétuel contemporain.
EXTRAIT
ATTENTION AU CHIEN!
La loi est certes bien imparfaite: les pauvres ont le droit d’avoir un chien.
Pourquoi ne se procurent-ils pas un rat?
C’est gentil et ça ne coûte presque rien.
Voilà des gens qui, dans leur maison, entretiennent des chiens toute la vie.
Ils pourraient bien jouer avec des mouches qui sont aussi d’excellente compagnie.
C’est la commune qui paie, bien sûr. Mais il faut cesser cette aubaine.
Sinon, vous verrez que très bientôt ils vont s’offrir une baleine.
En fait de mesure, je n’en vois qu’une: abattre tous ces chiens.
Ou bien alors, pour sauver les deniers de la commune, c’est les pauvres qu’il faudra mettre à mort.
05.11.1954
MARQUE DE FABRIQUE
Couverture imprimée en thermorelief sur Tintoretto Ceylon Cumino, couture noire et tranches noires mates.