Où, dans une cahute, sont entreposées les ribambelles?
Where, in a bunkhouse, are the passels stored?
Trois adolescents, Nort et Dick Shannon ainsi que leur ami, Bud Merkel, se retrouvent en plein milieu de l’effroyable désert de Gila, pris dans une aventure qui, espèrent-ils, les conduira aux fabuleuses richesses de l’or du désert. Leurs guides, le prospecteur grisonnant, Hank Crosby, et le vieux vacher à la peau parcheminée, Billie Dobb, les accompagnent pour affronter la chaleur torride, les terribles tempêtes de sable et les dangers que provoquent le démoniaque Del Pinzo et son sinistre compagnon indien, Zapto, qui veulent s’emparer du trésor. Dans ce récit burlesque éclatant inspiré des récits d’aventure pour adolescents, Gilbert Sorrentino raconte l’histoire en phrases interrogatives, obligeant le lecteur à ne surtout pas répondre lui-même précisément aux questions du récit.
Bien que l’œuvre de Gilbert Sorrentino soit en partie plongée dans le Brooklyn de son enfance dont il fait revivre la langue, elle est également très proche de la culture européenne et de certaines recherches formelles. N’a-t-il pas lui-même énuméré quelles nécessités sous-tendaient son écriture? «Un souci obsessionnel de la structure formelle? Une aversion pour la répétition de l’expérience? L’amour de la digression et de la broderie? Un grand plaisir à donner des informations fausses ou ambiguës? Le désir d’inventer des problèmes que seule l’invention de formes nouvelles peut résoudre? Et la joie de se faire une montagne d’une taupinière?»
EXTRAIT
Qu’entendirent alors les garçons? Quelque chose ressemblant beaucoup à un cheval, ou à une monture, qui approchait? Bud suggéra-t-il, avec un rire sec, que ce cheval, ou monture, portait sans doute un cavalier? L’expression classique n’est-elle pas généralement ‹une personne à cheval›? Ce genre de bruit était-il habituel à cette heure, et sous les gigantesques et sauvages couchers de soleil?
Cette application soudaine de matière provenant de fictions sérieuses et néanmoins faciles à lire ajouta-t-elle foi aux rumeurs de saloons selon lesquelles Hank avait été autrefois éditeur de nouvelles dans un magazine de première bourre?
Zapto était-il connu comme un type dépravé, l’œil toujours posé sur les dames, tout particulièrement sur Yolanda Kooch, la grive du saloon? Cette pouffiasse peinte était-elle la raison de son retard au rendez-vous avec le satanique Del Pinzo?
Les cow-girls, les patronnes de ranch, les putes de saloons, les vierges en calicot, les jeunes mariées et les dévergondées de Conestoga pensaient- elles toutes, au plus profond des nuits noires qui le plus souvent régnaient, «j’emmerde et j’encule la loi, et en plus j’emmerde et j’encule les putains de têtes de nœud de pédés que sont les mecs!»?
Pourquoi cette blague était-elle la préférée de Del Pinzo? L’avait-il diffusée dans tout le territoire, dans les bordels, les saloons, les huées et les pique-niques baptistes? Quel était son point de vue?
Cette possibilité soulève-t-elle la probabilité que le sauvage avait sans aucun doute prié Miss Yolanda Kooch, actrice et chanteuse de saloon, de lui accorder un certain nombre de faveurs exceptionnellement indécentes? Comment donc cela s’ensuit-il?
Y avait-il la moindre vérité dans la rumeur de saloon selon laquelle Zapto aurait entretenu des relations amicales avec Liz Maw pendant les mois où il avait assisté régulièrement aux cours bibliques du fort? Quel fort?
Les habitants du territoire taillé à la moleskine étaient-ils habitués aux agitations? Allaient-ils jusqu’à en rire? Comment ce côté blasé était-il advenu? La prévalence des flingues indociles?
Les filles effrontées dans les saloons et leurs attitudes impudiques? Les suffragettes Venez-à-Jésus sexuellement abandonnées? Toute cette licence annonçait-elle ce qui allait advenir? Quand?
Tout bien considéré, la vie dans l’Old West n’était-elle pas une chose magnifique? Pourquoi, d’ailleurs, Barnacle Bill était-il le favori tout-feu-tout-flamme des peaux-rouges, comme il était aussi un favori dans les saloons descends-moi-ce-connard, les déambulatoires ombragés des chœurs d’église, les chaudes resserres à racines et les concours d’assiettes émaillées?
Hank, d’ailleurs, avait-il toujours été un homme des sables brûlants? N’avait-il pas été un homme des villes grouillantes? Des forêts ombreuses? Des incommensurables océans? Des longues routes et des ponts élancés, des lointaines prairies et des basses-cours étouffantes, des saloons paillards et des dîners enfumés? Des cafétérias anonymes?